"Dans Jésus nous trouvons tout"

CONGRÉGATION DES SACRÉS CŒURS
de JÉSUS et de MARIE
Gouvernements généraux des Frères et Soeurs, Rome

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Entretien avec Léon Molonde sscc de la Province d'Afrique

« Consolider et renforcer la collaboration
avec les laïcs dans le respect de subsidiarité,
de synodalité, de communion et de coresponsabilité »

 

Dites-nous, Léon, à quoi ressemble la paroisse Mama wa Boboto dont vous êtes le curé ?

Je réponds au nom de Léon Molonde Longange sscc, curé de la paroisse Mama wa boboto (ou Notre Dame de Paix) depuis septembre 2018. La paroisse Mama wa boboto a connu plusieurs curés SSCC depuis son érection en 1978 dont Pères Michel Del Castillo (1978-1979), Álvaro De Luxán (1979-1986), German Frezán (1986-1988), André Smolka (1988-1992), Emmanuel Merino (1992-1993), Michel Del Castillo (1993-2000), Román Elizalde (2000-2008), Paulin Kadumu, premier curé congolais à Mama wa boboto (2008-2018) et Léon Molonde, 2ème curé congolais de 2018 à nos jours. La pa-roisse a reçu aussi plusieurs vicaires.

La paroisse Mama wa boboto se trouve dans le district de Tshangu, région Est de la ville de Kinshasa, commune de Masina quartier II, à 630m du Boulevard Lumumba – artère principale qui va du Centre-ville à l’aéroport de N’djili, entrée route BKTF. C’est un milieu à une forte croissance démographique.

Actuellement le taux démographique de la population s’estime autours de 710 milles habitants. Sa population en majorité jeune, est composée essentiellement des maraîchères, de petits vendeurs, des fonctionnaires et surtout des chômeurs. Le milieu n’a aucune industrie, manque d’électricité fiable, d’eau potable à meilleure condition et manque des routes adéquates.

Ce quartier périphérique de Kinshasa où nous œuvrons il y a quelques années, est devenu un abri pour les familles démunies venant des villages. C’est l’une des zones les plus peuplées et mal entretenue de la République démocratique du Congo, avec une population très dense composée en majorité de femmes et d’enfants, de chômeurs et de manœuvrés.

Sur le plan économique, on enregistre, une forme de pauvreté assez grave ; la population est constituée de plusieurs infortunés. Il n’y a pas de travail, la dévaluation continue de la monnaie rend toujours plus difficile la survivance à cause de l'augmentation vertigineuse des prix ... Les familles tâchent de survivre difficilement. Il faut se débrouiller avec des petits champs et petits commerces pour nourrir la famille.

Sur le plan éducatif : il n’y a pas d’écoles maternelles et primaires dignes de ce nom pour les petits enfants dans le quartier. Pas beaucoup d’enseignants formés pour donner une éducation scolaire adéquate aux petits enfants. Les parents sans emploi se fatiguent à soutenir les études de leurs petits-enfants, et ils se trouvent dans la difficulté grave de bien les éduquer, d'où la délinquance avec tous les problèmes qu’elle engendre. Sur le plan culturel, il n’y a pas de conditions nécessaires pour un encadrement juste, pas de divertissement, ni loisir pour les enfants.

Nous sommes une paroisse, située dans le doyenné Saint Kibuka, district de Tshangu, commune de Masina partageant ses frontières avec les paroisses Saint Kibuka, Saint Barthélemy, Cœur Immaculé et Saint Boniface.

Depuis sa création, la paroisse est tenue par les Prêtres religieux de la Congrégation des Sacrés Cœurs de Jésus et de Marie.

Nous nous adonnons à l’évangélisation et au développement intégral de la personne humaine.

Créée en 1978, notre paroisse a pour objectif social de vivre l’amour du Christ par les œuvres sociales à travers la réalisation et la construction des écoles et d’autres infrastructures sociales.

Répondant à votre question, la Paroisse Mama wa boboto ressemble à une grande famille des enfants de Dieu composée des baptisés et de non baptisés. Tous, nous nous reconnaissons membre d’une seule et unique famille, convoqués tous par le Christ Jésus.

Comment tous les agents pastoraux de la paroisse vivent-ils la coresponsabilité ecclésiale ?

Les agents pastoraux sont très engagés dans l’archidiocèse de Kinshasa en général et à Mama wa boboto en particulier. Beaucoup occupent les charges des différentes commissions et mouvements que compose la paroisse. Ils vivent la coresponsabilité en collaborant avec le curé et ses vicaires, en participant activement aux différentes réunions du conseil pastoral paroissial, en assumant leurs tâches au sein de la paroisse avec dévouement et amour, en suivant les directives et orientations données par le curé après débats et harmonisations de vues dans l’équipe sacerdotale et pastorale.

Pour ce faire, chaque membres d’une commission se rencontre une fois chaque mois d’abord pour élaborer un plan pastoral annuel à présenter aux curé et à l’équipe pastorale pour discussion et approbation. Ce plan servira des lignes d’action à exécuter durant l’année. Chaque mois un rapport est donné et chaque trimestre une évaluation est exigée pour faire le point. Le rapport de l’évaluation est remis au secrétariat paroissial.

Travaillez-vous en équipe avec les autres frères et sœurs SSCC et avec d'autres organismes ? Comment pouvez-vous continuer à grandir dans ce sens ?

Le travail en équipe constitue notre champ de bataille quotidien malgré la difficulté d’y arriver à 100%. Certes, dans la pastorale paroissiale, nous comptons avec les autres frères et sœurs SSCC. A Mama wa boboto, hormis le curé et les deux vicaires, nous avons trois (3) frères qui viennent en rescousse. Ils collaborent en assurant les eucharisties les dimanches, en donnant certaines formations aux fidèles de Mama wa boboto. Nos sœurs sont aussi actives les week-ends pour assurer la catéchèse, la formation des mamans catholiques, légion de Marie et les groupes des jeunes mais aussi s’occuper de l’autel. Il arrive toutefois de constater leurs absences compte tenu des autres responsabilités qu’elles occupent dans les œuvres qui leur sont propres. Au-delà de tout, le travail en solo n’est pas le bienvenu dans un environnement paroissial. Notre effort quotidien est d’impliquer tout le monde, frères et sœurs dans la vie de la paroisse.

Quels sont les traits du charisme qui peuvent être détectés plus facilement dans votre communauté paroissiale ?

Les traits du charisme qui sont détectés dans la communauté paroissiale Mama wa boboto, d’abord le vécu de l’eucharistie. Pendant nos messes, il y a une très bonne participation des fidèles. Nous vivons chaque jour cet amour incarné de Jésus. La vie eucharistique nous emmène à la vie généreuse, au partage de vie, au souci des autres. Il s’observe également la vie de prière et d’adoration. Chaque jeudi et samedi l’adoration est organisée à la paroisse où les fidèles apprennent à contempler le Christ et à se laisser interpelés et touchés par lui. Il s’observe aussi l’esprit de famille où nous nous reconnaissons membres d’une même famille, où grandit en nous le sens de l’identité chrétienne afin que nos familles et la paroisse deviennent les lieux où l’on s’auto-évangélise par la parole de Dieu vécue et que les Communautés Ecclésiales Vivantes de Base (CEVB) favorisent le rayonnement de la chaleur humaine et de témoignage de charité, de vitalité et de coresponsabilité.

Parlez-nous d'une activité de formation que vous êtes en train de réaliser.

Pour le moment, nous nous sommes donné quelques priorités, d’abord en organisant des cours bibliques de base, de doctrine sociale de l’église, de catéchèse et de liturgie, et nous en faisons le suivi régulier. À ce moment, nous nous focalisons sur le cours de bible et la formation sur la Doctrine sociale de l’église. Nous sentons qu’il y a des graves lacunes sur ces deux matières. Notre souci est aussi de consolider et renforcer la collaboration avec les laïcs dans le respect de subsidiarité, de synodalité, de communion et de coresponsabilité.

¿Pensez-vous que le Synode sur la synodalité aide chacun à prendre davantage conscience de son implication dans la vie chrétienne et paroissiale de manière plus active ?

Sans aucune ombre de doute, je le pense bien. L’église tout entière s’ouvre aujourd’hui à la synodalité. Nous avons tous pris conscience que la vie chrétienne n’est pas une vie solitaire mais solidaire, elle n’est pas une vie menée en solo mais une marche ensemble, une joie vécue ensemble, une souffrance supportée ensemble. Et l’église ou la paroisse ne peut tenir que si nous marchons à pas reposant tenant plus compte des faibles. Depuis le lancement de la tenue du synode sur la synodalité jusqu’à sa tenue, notre paroisse vibre de cette joie et fournit d’effort pour une cohérence chrétienne promouvant le vivre ensemble, le travail en équipe. Par-dessus tout, je crois que les résolutions prises à la fin de ce synode et la lettre du Pape François sur la synodalité nous aideront encore davantage.

 

08/01/2024