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Hommage aux victimes religieuses de la Commune (France)

Rachel Notteau écrit dans La Croix, datée du 24 mai 2021, l'hommage aux victimes religieuses de la Commune, parmi lesquelles nos frères fusillés à Picpus. Nous reproduisons ci-dessous dans son intégralité son texte intitulé : "A Paris, hommages à la mémoire des victimes religieuses de la Commune".

Prêtres et religieux ont payé´ un lourd tribut sous la Commune de Paris, il y a cent cinquante ans, avec l’exe´cution de nombreux eccle´siastiques, dont celle de l’archeve^que de la capitale, le 24 mai 1871. Le dioce`se de Paris leur rend hommage a` l’occasion de plusieurs e´ve´nements organise´s du 25 au 30 mai. 

Dans un e´troit couloir de la prison de la Roquette, six eccle´siastiques sont aligne´s devant un peloton d’exe´cution ce 24 mai 1871. Ils tombent un a` un, couverts d’injures et de balles par les communards. Parmi eux, se trouve Mgr Georges Darboy, archeve^que de Paris. « Nous n’e´tions qu’au de´but du drame sanglant », e´crira dans un livre en 1873, l’abbe´ Pierre-Henri Lamazou, otage ayant assisté´ a` l’exe´cution et qui a surve´cu aux massacres survenus lors de la Commune de Paris. 

Deux jours plus tard, dix autres religieux et quarante prisonniers quittent la geo^le, escorte´s par une centaine de soldats. Ils parcourent plus de quatre kilome`tres a` pied, agonisant sous des coups et des crachats provenant de la foule. Le corte`ge arrive en fin de journe´e a` la Cite´ de Vincennes, rue Haxo, dans le 20e arrondissement de la capitale, ou` les fe´de´re´s (soldats insurge´s de la Commune de Paris) ont e´tabli leurs derniers postes de commandement. 

Pour les communards, « ni Dieu ni mai^tre » 

Avant de passer a` l’acte, certains communards tentent d’organiser un proce`s dans la ha^te, afin de respecter la loi des otages instaure´e le 6 avril, qui stipule que : « Tout prisonnier de guerre sera traduit devant le jury d’accusation ». Mais la confusion ge´ne´rale empe^che la tenue de la cour martiale et le premier coup de fusil part. Le pe`re Henri Planchat, religieux de Saint-Vincent de Paul et surnomme´ le pre^tre des pauvres, tombe, ainsi que le pe`re Jean-Marie Sabatier du dioce`se de Paris, le se´minariste Paul Seigneret, trois je´suites et quatre picpusiens. Leurs corps sont ensuite jete´s dans une fosse commune. En deux jours, seize eccle´siastiques ont e´te´ tue´s. 

DE´BAT. Faut-il comme´morer la Commune ? 

Ce passage tragique de l’histoire est parfois me´connu parce que « le nombre de religieux tue´s est moindre que le nombre total de victimes pendant l’insurrection », estime le pe`re Ste´phane Mayor, cure´ de la paroisse Notre-Dame des Otages, inaugure´e en 1938 a` la me´moire de ces victimes. C’est pourquoi le dioce`se de Paris a souhaité´ comme´morer ces e´ve´nements a` l’occasion du 150e anniversaire de la Commune durant laquelle l’E´glise a payé´ un lourd tribut. 

Car, de`s le 18 mars 1871, le message des communards est clair : « C’est ni Dieu, ni mai^tre », re´sume le pe`re Jacques Benoist, historien et the´ologien qui a mene´ de nombreuses recherches sur le sujet. Les communards menacent d’abord les e´glises a` travers de multiples pillages ou profanations. Malgre´ les intimidations qui se font de plus en plus persistantes, la plupart des eccle´siastiques demeurent dans la capitale. 

« Mgr Darboy est reste´ car il voulait e^tre le te´moin de Je´sus », raconte, admiratif, le pe`re Benoist. Mais pour le pe`re Mayor : « Jamais les religieux n’avaient imaginé´ que les communards parviennent a` de telles atrocite´s. » 

La Commune, « une tentative de re´volution anticle´ricale » 

Les arrestations des eccle´siastiques de´butent pendant la Semaine sainte. Mgr Darboy est arre^te´ le 4 avril, « par son neveu Henri Darboy, range´ du co^te´ des communards », pre´cise le pe`re Benoist. Le 6 avril, jour du Jeudi saint, c’est le pe`re Henri Planchat qui est pris en otage. La plupart de ces prisonniers religieux ont passe´ Pa^ques dans une cellule e´troite. Mais peu d’entre eux sont sortis vivants de cette pe´riode re´volutionnaire, qui a pris fin le 28 mai, deux jours apre`s le massacre de la rue Haxo. « La Commune e´tait une tentative de re´volution anticle´ricale. Le lien tre`s clair sous le Second Empire entre l’E´glise catholique et le pouvoir en place e´tait inconcevable pour les re´volutionnaires », de´veloppe Fre´de´ric Mounier, ancien journaliste a` La Croix et auteur du livre Le Sie`ge de Paris.

Be´atifications : quel est le ro^le du postulateur ? 

« Il est tre`s important de rendre compte de ce qu’ils ont ve´cu. C’e´taient des hommes incroyables et de bons pre^tres », assure le pe`re Mayor. Un proce`s en be´atification est en cours pour le pe`re Planchat et les quatre pre^tres picpusiens tue´s lors du massacre de la rue Haxo, mene´ conjointement par la Congre´gation des Fre`res de Saint-Vincent de Paul et les pe`res de Picpus. « Il ne manque que l’approbation du pape », souligne le pe`re Mayor, qui veut croire a` l’annonce de be´atification de ces religieux d’ici au mois d’octobre. 

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Une semaine d’hommages 

- Mardi 25 mai a` 18 heures. Confe´rence a` l’e´glise Notre-Dame des Otages a` Paris anime´e par le pe`re Jacques Benoist, historien et the´ologien. Il e´voquera les moments marquants de cette re´volte populaire. 

- Mercredi 26 mai a` 18 heures. Messe de Requiem en souvenir des otages et des martyrs de la rue Haxo. 

- Jeudi 27 mai a` 18 heures. Confe´rence du pe`re Yvon Sabourin, postulateur de la cause en be´atification du pe`re Henri Planchat. 

- Samedi 29 mai a` 17 heures. De´part du Square de la Roquette (11e arrondissement) pour une procession jusqu’a` l’e´glise Notre-Dame des Otages. 

- Dimanche 30 mai à 11 heures. Messe solennelle ce´le´bre´e par Mgr Michel Aupetit, archeve^que de Paris.

 

 

25/05/2021