Le jour des obsèques de Sœur Victoria Garnier, 29 septembre 2008, Soeur Jeanne Cadiou nous a fait relire sa vie à travers l’image des ponts.
« Beaucoup d’entre nous qui sommes ici cet après-midi et bien d’autres personnes -en particulier les membres de sa famille- qui nous sont proches en ce moment par la prière et l’affection, connaissent l’amour que portait Sœur Victoria aux ponts. Elle en faisait collection et il y a peu de temps elle a remis ces centaines de cartes et de photos à son frère. Un symbole qui lui allait comme un gant.
D’où lui venait cette passion pour les représentations de ponts ?
Serait-ce de Frontonas, son village natal où elle vit le jour le 12 octobre 1924 ?
Serait-ce de sa venue à la capitale, passage obligé pour entrer dans la Congrégation des Sacrés-Cœurs à la veille de ses 20 ans et y faire profession en février 1946 ?
Des ponts il y en avait aussi à Larajasse, à Chartres et à Laval, ces villes et village où elle fut envoyée tour à tour pour y être enseignante durant une bonne trentaine d’années.
Et puis, il fallut enjamber d’autres ponts pour aller servir la mission à Mende avant de revenir à Paris et à Boissy St Léger dans la région parisienne.
En 2002 un ultime pont était franchi : Sœur Victoria arrivait à la Grand’Maison pour s’y reposer. En fait, de repos, elle garda longtemps le goût d’aider et de soutenir les plus démunies de ses sœurs, jusqu’au moment où elle eut besoin elle-même d’être aidée.
Les ponts de la vie de Sœur Victoria sont à eux seuls une communauté, une vaste communauté. Évoquons-en quelques-uns :
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Il y a eu de ces ponts qui séparent : quitter la famille n’avait pas été facile…
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Il y a eu des ponts qui unissent : partout où elle est passée Sœur Victoria a noué des relations fortes qui sont demeurées solides au fil des années… Bien des ponts de sa vie ont été des moyens qui ont facilité le passage d’une rive à l’autre, grâce à sa formidable puissance de relations.
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Il y a eu des ponts suspendus et des ponts citadins, des entrées courageuses et simples vécues dans le grand silence et l’acceptation de la souffrance.
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Il y a eu des ponts fragiles, improvisés et nés de la nécessité d’une traversée houleuse jusqu’à l’autre rive.
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Il y a eu des ponts pittoresques, des grands ponts de pierre ou des ponts ornementaux mais aussi de charmants petits ponts fleuris, ses signes d’amitié qu’elle donnait avec tant de générosité.
Et puis il y a eu dans la vie de Sœur Victoria tout le temps écoulé sous les ponts de sa vie… en compagnie des petits et des mal-lotis qu’elle chérissait particulièrement… Elle leur a ouvert avec largesse son cœur taillé aux dimensions du monde.
Notre chère Sœur est souvent montée sur le pont pour y contempler le paysage et a trouvé bon et réconfortant de voir les deux rives en même temps. Aujourd’hui, elle a traversé un dernier pont, celui que le Christ, son Seigneur a jeté pour toujours entre Dieu et nous… Ce 26 septembre, elle s’en est allée rejoindre bien des amis et tous les plus grands vivants, elle partage maintenant avec eux la Joie et la Lumière. »
À Dieu, Sœur Victoria et merci de tout cœur pour ta vie si bien remplie. Nous te confions à la prière fraternelle de tous nos frères et sœurs.
Sr Marie-Hélène Granjon et Sr Marie-Sylvie Maurin